PASCAL Blaise "PENSÉES DE M. PASCAL SUR LA RELIGION ET SUR QUELQUES AUTRES SUJETS" édition de 1670

Très belle et rare réunion du premier tirage de la deuxième édition des Pensées de Pascal et de la première édition du Discours sur les Pensées.

Relié à la suite : "DISCOURS SUR LES PENSÉES DE M.PASCAL où l'on essaye de faire voir quel estoit son dessein AVEC UN AUTRE DISCOURS SUR LES PREUVES DES LIVRES DE  MOYSE - 1672."

Les Pensées de Pascal sont éditées chez Guillaume Desprez, Paris, 1670 et le Discours est attribué à Filleau de la Chaise et édité chez Guillaume Desprez, Paris, 1672.

in-12 (9,5 x 16 cm). Reliure plein veau havane de l'époque, dos à 5 nerfs, orné doré avec titre doré. Coiffe supérieure arasée. Une fente de 2 cm sur le mor inférieur du premier plat. Une petite réparation en haut de la p. 41, rares petites taches. Ex-libris de l'époque à la plume sur la page de titre.

Collation : 40 ff, (1f. titre, préface, approbation, privilège du Roi et avertissement) avec au verso du 39ème feuillet, sur le privilège du Roi,  "Achevé d'imprimer pour la première fois le 2 Janvier 1670". 312 pages (une petite note manuscrite d'époque à la plume au bas de la page 217) de texte avec erreur typographique de numérotation - en fait un cahier a été ajouté à la dernière minute voir ci dessous- (numérotés de 1 à 312) puis la pagination repart de 307 à 330 (soit 24 pages) et reprend de 312 à 334 soit complet des 358 pages au total. A la suite les deux Discours de Filleau de la Chaise, le premier paginé de 1f. titre, 2 ff. avertissement, 1 p. Privilège, 1 p. Errata, Discours sur les Pensées de la page 1 à la page 133 puis le Discours sur les preuves de Moyses de la page 136 (page de titre) à la page 214, 1f. approbation, 1 f.

Gravures identiques, chapeautant le titre, en tête de la page 1 des Pensées et en tête de la page 1 du Discours sur les Pensées représentant la chapelle du collège parisien des Quatre-Nations (aujourd’hui coupole de l’Institut) en chantier avec l'inscription "Pendent opera interrupta" ("Les travaux commencés s’arrêtent", Virgile Énéide, liv. IV, v. 88) symbolisation de la difficulté qu'ont eu les éditeurs de collationner tous les fragments des Pensées. La présence de cette gravure permet de différencier les éditions originales de Port Royal éditées par Guillaume Desprez (notre exemplaire) des contrefaçons en particuliers lyonnaises (voir "Pendent opera interrupta : le commencement des Pensées-de-Pascal" Alain Cantillon pp. 56 & 57 et "L’introuvable livre des Pensées. Du manuscrit autographe aux éditions de Port-Royal", par Jean-Marc Chatelain à la BNF). A signaler aussi, en en-tête de la première page du Discours des livres de Moyse, une gravure représentant deux basilics enlacés crachant du feu.

Les premières éditions dites de Port Royal des Pensées ont été l'objet d'un travail de mise au point par un comité de parents et d'amis jansénistes (entre autres Antoine Arnauld, Pierre Nicole, Étienne Périer -neveu de Pascal- et la sœur de Pascal Françoise Gilberte Périer). La mise au point de l’édition originale des Pensées se poursui­vit jusqu’à la fin de l’année 1669.

Les différentes étapes de cette œuvre magistrale donnèrent lieu à différentes version du texte. D'abord une rarissime édition dite "pré-originale", parue à l'été 1669 chez G. Desprez, -dont on ne connaît que deux exemplaires à la BNF et la médiathèque de l’agglomération de Troyes- sans les approba­tions ecclésiastiques (destinées à prendre place entre la préface et le texte des Pensées) ni les cahiers finaux de table des matières. Distribuée qu’à un petit nombre de personnes, notamment les évêques dont on sollicitait l’approbation, cette édition constituait en quelque sorte un élar­gissement du «comité» : les avis recueillis, en même temps sans doute que la poursuite du travail des éditeurs, permirent d’apporter quelques dernières modifications en vue de la publication définitive. Ensuite la première édition de Port-Royal proprement dite parut dans les premiers jours de l’année 1670, sous une page de titre portant cette date et avec un achevé d’imprimer du 2 janvier 1670, sans indication sur la page de titre qu'elle est la première. Elle se caractérise par la présence d'un errata au verso du privilège (voir "Bibliographie des éditions originales d'auteurs français composant la bibliothèque de feu M. A. Rochebilière." par A. Claudin, n°117, page 66 et suivantes). Une deuxième édition en deux tirages, sans l'errata, en fait une deuxième impression réalisée en mars 1670. D'après le site des "Pensées de Pascal" par D. Descotes et G. Proust, "il en existe deux tirages qui diffèrent par le fait que l’un d’entre eux porte dans la page de titre la mention « Seconde édition », et non pas l’autre. Il semble que l’impression ne comportant pas l’indication «Seconde édition» soit antérieure à l’autre. La rapidité de l’impression, due à la nécessité de tourner les interventions de l’archevêque de Paris Hardouin de Péréfixe, qui « proposait » avec insistance d’ajouter la déclaration du père Beurrier, a suscité l’omission d’un cahier, correspondant au chapitre XXXI (Pensées diverses), qui a dû être ajouté après coup, de sorte que la pagination est irrégulière (les 358 pages sont d’abord paginées de 1 à 312, puis de 307 à 330, puis de 313 à 334)."  Claudin décrit notre exemplaire sous le n°120 avec les mêmes fautes décrites au numéro 121 -qui lui comporte les mots seconde édition sur la page de titre- qui sont : "Page 9, ligne 12, on lit : c'est ce que je doit au lieu de c'est que je doit et le mot ce, qui est de trop, est biffé à l'encre ; page 89, ligne 18, on a omis le mot du et on lit fautivement la plus authentique monde au lieu de la plus authentique DU monde (dans notre exemplaire le mot du est ajouté à l'encre). Le bas de la page 305 est signée par erreur Dd au lieu de Cc et cette signature est biffée à l'encre." Par contre il n'a pas vu l'erreur de pagination notée par Descotes et Proust qui a conduit à cette erreur de signature.

Notre exemplaire est conforme à la description ci-dessus et correspond à la première impression de la seconde édition.

Bel exemplaire. Provenance Librairie Philosophique Vrin, Paris, 1974 (truffé de la lettre d'envoi et des notes de l'ancien possesseur).

REF. 1056