BERNARDIN DE SAINT-PIERRE [DE SAINT-PIERRE Jacques-Henri-Bernardin] "ÉTUDES DE LA NATURE"
Edition originale des 3 premiers tomes des "Etudes de la nature", l'idylle de Paul et Virginie est au quatrième volume.
Éditeurs : Didot (pour les 3 premiers tomes), 1784 et Didot, née de La Rochelle, de Senne (pour les tomes 4 et 5), 1792, Paris.
5 volumes in 12 (10,5 x 17 cm). Reliures plein veau du temps. Les reliures des trois premiers volumes ont les plats avec des manques de cuir et les coiffes inférieures faibles. Dos ornés, dorés, pièces de titre rouge avec titre doré. Intérieurs frais. Ensemble homogène.
TOME 1 :1784 ; 2ff, faux titre, frontispice de Moreau le jeune, titre, 623 pages, une carte dépliante de l'hémisphère atlantique page 216.
TOME 2 : 1784 ; 2ff, faux titre, titre, 631 pages avec table, 2ff. 3 gravures de botanique dépliantes page 369, 411, 436.
TOME 3 : 1784 ; 2ff, faux titre, titre, 574 pages, explications des figures pages 521-560 (trous de vers marginaux), 2ff.
TOME 4 : 1792 ; 2ff, faux titre, catalogue des œuvres de l'auteur, lxxxviij pages d'avis et d'avant propos, 532 pages de texte dont Paul et Virginie de la p.1 à 227 et l'Arcadie, 1f.
TOME 5 : 1792 ; 1f, catalogue des œuvres de l'auteur, xxxiv pages de faux titre, titre et préambule de "Vœux d’un solitaire", 1 p. table, 411 pages de texte (page 212 numérotée par erreur 812), lvi pages de titre, avant propos, notes et préambule à la "Chaumière indienne" , 72 pp de texte. 1 p. table, 1 ff.
Bien complet des 5 planches hors-texte dont le frontispice et la carte.
Henri Bernardin de Saint-Pierre (Le Havre 1737-Éragny-sur-Oise 1814) écrivain et botaniste français. Fils d'un modeste directeur des Messageries du Havre, il reçoit une instruction intermittente chez les jésuites de Caen. Un voyage à la Martinique à l'âge de douze ans, la lecture de Robinson Crusoé, de longues contemplations au bord de la mer contribuent à faire de lui un enfant rêveur, exalté et passionné d'aventures. À vingt ans, il entre à l'École des ponts et chaussées et devient ingénieur en 1758. Situation éphémère : le jeune homme, assoiffé d'horizons nouveaux, va consacrer sa vie aux voyages et rêver de fonder une république idéale. Il parcourt la Hollande, passe en Russie, où il est protégé par Catherine II, va en Pologne, reste quinze mois à Varsovie, séjourne à Berlin, y dédaigne un brevet de capitaine du génie que lui offre le Grand Frédéric et se rend à Paris (1765). Là, il finit par obtenir le grade de capitaine-ingénieur du roi à l'île de France (Maurice). Il passe deux ans dans cette île (1768-1770), qui lui laissera des souvenirs inoubliables, mais qui lui attirera quelque désagrément (on lui reprochera d'avoir maltraité des Noirs). De retour à Paris (1771), désabusé, il se résout à « vivre des fruits de son jardin », c'est-à-dire de sa plume. Il se lie avec J.-J. Rousseau, dont il partage l'amour de la nature et l'horreur de la civilisation, et fréquente le salon de Mlle de Lespinasse. En 1773, il publie son Voyage à l'île de France, dont les descriptions colorées et pleines de sensibilité contrastent avec la peinture aride et sèche des voyageurs de l'époque. Par la suite, il entreprend un gros ouvrage, les Études de la nature (1784), qui cherche, souvent à l'aide d'arguments puérils, à prouver l'existence de Dieu par les merveilles naturelles. L'œuvre est d'un grand artiste qui excelle à peindre des tableaux, à décrire les lignes, les mouvements et surtout les couleurs. Certains thèmes y annoncent le romantisme, tels le plaisir de la solitude, le goût de la tristesse et des sensations rares, le sentiment de la précarité de l'existence. L'idylle de Paul et Virginie (1787, quatrième volume des Études de la nature) est d'une intrigue un peu fade : deux adolescents grandissent ensemble dans l'île de France, unis par l'affection la plus pure. Leurs mères, plus perspicaces et qui ne se trompent pas sur la nature de leurs sentiments, décident de les marier quand ils auront atteint l'âge. Au désespoir de Paul, Virginie est obligée de partir pour la France afin d'y recevoir une éducation mondaine. À son retour, un soir de décembre, le navire sur lequel elle s'est embarquée fait naufrage : Virginie périt dans la catastrophe. Paul ne lui survivra pas. Le succès de ce court roman fut immédiat et prodigieux. Si certaines pages ont des grâces quelque peu désuètes et conventionnelles, l'œuvre reste une charmante pastorale exotique, ce qui est pour le siècle une grande nouveauté. L'auteur sait décrire les premiers émois d'un amour naissant, retracer la splendeur des tropiques, évoquer les mystères de la nature, et il parvient au pathétique quand il conte le naufrage du Saint-Géran, le navire qui ramène l'héroïne chez elle.
Disciple de Rousseau, dans la mesure où il place le bonheur et la vertu en dehors de la société, Bernardin de Saint-Pierre subit aussi son influence littéraire. Mais, précurseur du romantisme, il est également l'inspirateur du Chateaubriand du Voyage en Amérique, d'Atala et du Génie du christianisme.
RÉF. 869 D3
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