CAZIN Achille "Les Forces physiques"

Les forces : la vision du milieu du XIXe sur les types de forces connues (gravitation, électromagnétisme, chaleur, lumière, ...).

Éditeur : Librairie Hachette et Cie, Paris, 1871. Collection Bibliothèque des Merveilles. Deuxième édition.

in-12 (12 x 18 cm). Pleine percaline bleue de l'éditeur. Reliure typique de la Collection Bibliothèque des Merveilles avec des plats estampées d'or : un Sphinx et un personnage ailé au dessus d'un globe terrestre au premier plat et des instruments scientifiques au deuxième plat. Dos lisse avec ornements dorés (dont un œil dans un triangle entouré d'un serpent qui se mord la queue -symbole maçonnique-) et titre doré. Toutes tranches rouges.  Etiquette d'ex-libris sur la feuille de garde (Ad. d'Eichthal, probablement le baron Adolphe d'Eichthal, (19 décembre 1805 à Nancy - Paris, 18 avril 1895, financier et homme politique). IV pages d'Introduction, 292 pages et 58 gravures par A. Jahandier, dont certaines à pleine page. Taches et rousseurs éparses plus marquées en début et en fin de volume. Bel exemplaire.

Sommaire. Introduction puis huit grandes parties : Les corps et les forces (dont un chapitre "Nécessité de la vulgarisation des vérités scientifiques" bien encore d'actualité de nos jours, l'auteur parle des "écarts d'imagination qui sont le résultat d'une culture superficielle des sciences et qui passent trop facilement pour des vérités aux yeux de quelques uns.", nous dirions maintenant les "fake news" mais avouez que c'est plus joliment dit !). L'attraction universelle (Galilée et Newton). L'attraction moléculaire (où l'auteur cite un texte de Athanase Dupré dans les Annales de chimie et de physique, IVe série, t. VII p. 282 qui, par des calculs de tension superficielle, trouve qu'un cube d'eau de côtés 1/1000 de mm -soit 10^-12 g- contient au moins 25 000 million de molécules ce qui n'est pas mal car on est à 33 000 million par Avogadro). La chaleur (avec l'équivalence chaleur-travail). La lumière (pour l'auteur, suivant en cela Tyndall, il y a identité entre lumière et chaleur expliquant aussi les interférences par des effets sur les molécules). L'électricité (pour l'auteur son origine vient du travail mécanique tels les frottements sur les machines électrostatiques ou du travail chimique dans les piles et "... l'électricité est une force universelle et [elle] a pour fonction de distribuer l'énergie entre les corps." p. 176). Le magnétisme et l'électromagnétisme (l'origine des phénomènes électriques et magnétiques n'est pas encore comprise mais l'auteur décrit les premières machines électromagnétiques). Les hypothèses et les théories (l'hypothèse de l'éther mais aussi la théorie dynamique qui explique les forces par "le choc de particules invisibles contre les corps visibles" p. 277, l'auteur insiste sur le fait que les théories ... ne sont que des théories qui doivent être confrontées au "résultat des recherches" !).

Achille Cazin (Perpignan 1832- Paris 1877). Professeur de mathématiques et de sciences physiques. Spécialiste de thermodynamique. Prix Trémont en 1873, 1874, 1875 (prix pour encourager les jeunes artistes et scientifiques, attribué par l'Académie des sciences et l'Académie des beaux-arts et fondé par le baron de Trémont). Il soutint sa thèse en août 1862 sur "Essai sur la détente et la compression des gaz" dans laquelle il démontre l'impossibilité du calorique, Le célèbre chimiste Dumas fut le président de son Jury de thèse.

La Bibliothèque des merveilles est une collection de vulgarisation, lancée en 1864 par Louis Hachette, en remplacement d'une série éphémère créée l'année précédente, la Collection des savants illustres. L'éditeur en confie la direction à Édouard Charton. Sans restriction sur les thèmes abordés, les petits livres (in-18) constituèrent une « encyclopédie en désordre ». La collection comptera plus de 175 volumes, parus entre 1865 et 1956 dont on peut trouver la liste sur le site qui est dédié à Édouard Charton par sa biographe Annie Lagarde-Fouquet. Les plus grands vulgarisateurs de l'époque sont mobilisés, comme Camille Flammarion, Gaston Tissandier ou Paul Lacombe. Ces ouvrages connaissent le succès, et trouvent naturellement leur place dans les catalogues des bibliothèques populaires qui se multiplient à partir des années 1860.

REF. 2349 A6