HANSI "Mon village - ceux qui n'oublient pas - Images et Commentaires par l'Oncle Hansi"

Un classique de la vision de l'Alsace d'autrefois qui lutte sourdement contre l'annexion allemande en se moquant de l'occupant.

Editeur : Floury, Paris, sans date [vers 1913]. Première édition.

in-4 oblong (32,5 x 24,5 cm). Reliure bleue illustrée de l'éditeur signée Engel. Titre au premier plat avec une jolie petite alsacienne en costume traditionnel tenant un bouquet dans un pot (avec un écriteau "Vergiss mein nicht -ne m'oublie pas-") dans un paysage alsacien en arrière plan, fond décoré de fleurs. Au deuxième plat, toujours dans un fond décoré de fleurs, une fenêtre s'ouvrant sur un paysage alsacien avec le même pot de fleur sur le rebord. Tranches rouges. Petites taches sur les plats dont les dessins sont défraichis. Reliure fragile avec des cahier partiellement déreliés. Pages jaunies avec quelques taches. Exemplaire moyen.

1 page de Faux titre, 1 frontispice (arbre de Noël avec une dédicace : "Pour les petits enfant de France"), 1 page de titre, 1 page de justification de l'édition, 32 pages de texte, 1 page de Table des matières, 1 page répétant le frontispice sans la dédicace. Ouvrage abondamment illustrée par l'auteur avec des compositions en couleurs in et hors texte dont 2 sur la couverture, un frontispice (répété en fin d'ouvrage), une sur la page de titre, 14 illustrations à pleine page.

Le premier plat montrant une petite alsacienne avec un pot de fleur avec un écriteau "Vergiss mein nicht -ne m'oublie pas-", pot de fleur repris sur le dernier plat, symbolise l'attachement des alsaciens aux morts de la guerre de 1870. Dans ce livre Hansi tient à montrer l'attachement des alsaciens à la France tout en caricaturant l'occupant allemand représenté comme ridicule avec ses lorgnons, son amour de la charcuterie et de l'alcool (gravure p. 25 ou les allemands sont quasiment tous ivres dans la rue sous les regards moqueurs des alsaciens), ses vêtements étriqués, face à de jeunes alsaciens resplendissants de santé bien qu'un peu tristes. Comme il le dit page 18 "Les petits Alsaciens aiment les Français d'instinct, presque sans les connaître ; s'ils pouvaient les voir plus souvent ils les aimeraient bien d'avantage...". Ces caricatures resteront très vives dans l'imaginaire français de la Grande Guerre.

Dans l'introduction : « Le village que je vais vous décrire n'est pas de mon invention, il existe. Pour le trouver il faut aller, loin de la grande route, du côté de Wissembourg ou de Niederbronn. Vous quitterez la voie ferrée à quelque petite station toute fleurie ; vous suivrez un étroit chemin bordé d'arbres fruitiers. De loin vous verrez le clocher pointu s'élancer au-dessus des blés ou percer la dentelle des houblons. Peut-être arriverez-vous un dimanche, à l'heure où l'on sort de l'église ; alors vous assisterez à l'un des spectacles les plus pittoresques que l'on puisse voir. Vous verrez ces jeunes filles dont la calme beauté est couronnée du large ruban noir, ces grands jeunes gens au vêtement sévère relevé d'une jolie note rouge, et les vieux qui gardent encore l'ample redingote et le tricorne. Certes les costumes que vous montreront mes images ne se portent plus dans tous les villages d'Alsace. L'affreuse guerre (de 1870) et l'annexion cruelle ont bouleversé notre vie d'autrefois et bien des coutumes ont disparu avec les habits de jadis. Et puis chez nous comme ailleurs, l'industrie et les chemins de fer ont apporté la camelote allemande et d'horribles modes nouvelles... » 

Jean-Jacques Waltz, alias Hansi ou Oncle Hansi, né le 23 février 1873 à Colmar et mort le 10 juin 1951 à Colmar, est un artiste illustrateur alsacien et français.
« Hansi (Jean-Jacques Waltz, dit), caricaturiste alsacien né à Colmar en 1873. Il s'est fait connaître par ses fines et satiriques observations des Allemands, notamment par son livre Le Professeur Knatschke (1912), réunion fantaisiste des œuvres de ce grand savant imaginaire et de sa fille Elsa. » Larousse du XXe siècle, édition 1930.
« Le talent de Hansi est indiscutable, d'imagiste, de paysagiste et surtout de satiriste. » Tomi Ungerer. « Hansi est accusé par les historiens d'avoir présenté une Alsace mythique adaptée à l'idéologie de la Revanche et d'être à l'origine du malentendu qui a surgi après la victoire de 1918 entre le gouvernement français soucieux d'effacer près d'un demi-siècle d'occupation allemande et les Alsaciens jaloux de leur spécificité régionale ». Pierre-Marie Tyl, Le Grand Livre de l'oncle Hansi.

REF. 1714 B4