BOUILLON LAGRANGE Edme-Jean Baptiste "MANUEL D'UN COURS DE CHIMIE OU PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES THÉORIQUES ET PRATIQUES DE CETTE SCIENCE"

Un classique de l'enseignement de la chimie au XIXe et une mine de renseignements.

Éditeur : Bernard, Libraire de l'Ecole Polytechnique, Paris, an XI, 1802. Troisième édition. 

3 volumes in-8 (13 x 20,5 cm). Reliure plein veau clair de l'époque. Dos orné de fleurons et d'arabesques dorés avec pièces de titre et de tomaison noirs et titre doré. Petit accident sur le bas du mors du premier plat du premier volume. quelques rousseurs. Complet des 6 tables et des 23 gravures dessinées par Girard. Cachet d'une bibliothèque avec la devise "Melior Vigilantia Somno" et un M au centre (Famille Mazeman ? voir : "Annuaire de la noblesse de Belgique" p. 244). Très bel exemplaire.

Collation : Tome 1, XIV pages faux titre, Nota, titre, précis historique sur la chimie, explication des nouveaux poids (conversions des anciennes unités en gramme), 654 pp. de texte, 2ff ; Tome 2, 1 f, faux titre et titre, 760 pp., 1f ; Tome 3, 1f., faux titre, titre, 272 pages de texte et de table, 6 tableaux dépliants, 23 belles planches gravées représentant le matériel de laboratoire et les principales expériences du livre, 11 pages de catalogue éditeur.

Ce manuel a eu un grand succès et a connu de nombreuses éditions : 1798 (2 Vol.), 1801  (2 Vol.), 1802  (3 Vol. - notre exemplaire-), 1808 (3 Vol.), 1812 (3 Vol.) d'après "L'émergence d'une science des manuels, les livres de chimie en France", Bensaude-Vincent, Garcia Belmar, Bertomeu Sanchez, EAC, 2003 aux n° 70-74.

Contenu :
Tome 1 : Description des appareils de laboratoire, des travaux de verrerie, des termes usités en chimie (distillation, cristallisation,...), des réactifs principaux avec leurs préparation (acides minéraux, teinture et papier de tournesol -pour le pH-,..) utilisation du chalumeau, mesures de densité, méthode d'analyse, propriétés chimiques des corps avec une tentative de définir les liaisons chimiques sous forme "d'attraction" et l'étude de la lumière et du "calorique" (une ébauche de thermique et de thermodynamique), suis une étude des corps simples et composés (de l'oxygène à l'ammoniaque en passant par le soufre et le phosphore et les premières terres rares (Gadolinite ou Yttria) et on termine par l'étude des sel minéraux après un passage sur la cristallographie.

Tome 2 : chimie minérale, étude des minéraux avec un peu de géologie, d'électricité et de magnétisme, étude des métaux et métalloïdes -et de leurs acides- (arsenic, tungstène, molybdène, titane, urane -uranium-, cobalt, nickel, manganèse, bismuth, antimoine, tellure, mercure, zinc, étain, plomb, fer, cuivre, argent, or, platine) suivant le même plan qui est toujours en vigueur dans l’enseignement de la chimie minérale : historique, sources naturelles, préparation-purification, propriétés physiques et chimiques, dérivés ; eaux minérales naturelles et artificielles (eau de Seltz, Spa, Vichy, Bussang, Vals, Contrexéville, Balaruc...) avec tables donnant les compositions ; chimie des substances végétales, analyse, la sève, les sucs et les extraits, les gommes, les substances sucrées (sucre, manne, miel), les acides (gallique -des galles des arbres-, benzoïque, succinique extrait du succin ou ambre jaune, malique de la pomme, citrique du citron, oxalique -oseille-, tartrique -vin-....), les fécules (extraites de différentes racines -farines, amidon-), les huiles et graisses avec les savons, les huiles volatiles (appelées maintenant "essentielles") pour la parfumerie, le camphre, les résines (polymérisations des huiles essentielles) et gommes, le caoutchouc, les matières colorantes (mordants, colorants, procédés de teinture) dont pastels, garance, cochenille etc., le liège ; un large chapitre sur les fermentations (sucre, vin, acétique...) et les putréfactions (les causes restent indéterminées mais, page 637, "il n'y pas de putréfaction sans présence d'eau", "au dessous de zéro il n'y a pas de putréfaction") ; les substances d'origine animale (sang, bleu de Prusse à partir de sang, graisses, membranes, tendons -et gelées et colles qui en dérivent-, muscles, derme et épiderme, poils, os, cerveau "le cerveau peu connu dans sa nature", œil, mucus nasal, salive, tartre des dents, lait et ses dérivés, bile et calculs, urine et calculs urinaires -dont l'oxalate de calcium-, acide formique par "distillation des fourmis", musc, plumes -"donnent par les réactifs les mêmes produits que les poils"-, soie, blanc de baleine, œufs, .. corail, éponge. La chimie organique reste encore bien descriptive et se limite à l'étude pratique des produits animaux et végétaux.

Tome 3 : Expériences pratiques exécutées par les élèves de Polytechnique en 73 leçons (on passe de l'études des sels des métaux connus aux analyses de produits organiques divers tels que les calculs rénaux et les graisses de cétacés ou les cires) -soit les travaux pratiques des élèves- avec en fin de volume les tables et planches pour l'ensemble de l'ouvrage.

Edme-Jean Baptiste Bouillon-Lagrange, né à Paris en 1764 et mort dans cette ville en 1844, est un chimiste et pharmacien français.
Chef des travaux chimiques et répétiteur de chimie à l'École polytechnique, professeur de physique et de chimie à l'École centrale du Panthéon, il devient un des administrateurs de l'établissement dont ce livre est un cours.
Auteur d'ouvrages scientifiques, il fut le premier à préconiser l'essai chimique des médicaments: "Un médicament, disait-il, est une machine que l'on ne peut bien connaître que lorsqu'on la défait pour examiner toutes les pièces qui la composent. Pour en rendre l'usage plus sûr, il faut démonter toutes les pièces et les examiner à leur tour".
On lui doit l'analyse d'une foule de substances médicales (styrax, séné, ambre gris, aloès, safran, tannin, agaric, etc.), des mémoires sur les acides subérique et camphorique, sur l'eau de mer, sur les transformations de la fécule, ainsi qu'un Manuel du pharmacien et un Manuel de chimie, devenus au XIXe siècle des classiques. 

RÉF. 811 C4