Abbé Pierre SIGORGNE "INSTITUTIONS NEWTONIENNES"

Bon exemplaire de cet important traité scientifique d'un disciple de Newton.

Éditeur : Guillyn, Paris, 1769.

in 8 (13 x 19,5cm). Reliure plein basane de l'époque, dos à  nerfs orné, doré avec pièce de titre. Coiffe supérieure arasée avec un petit manque de cuir en haut du dos. Charnière du premier plat fendue sur environ 3 cm. Intérieur très frais avec de rares taches. Des notes et des soulignements d'un ancien propriétaire dans le texte au crayon, surtout dans la Préface (la lecture d'un érudit critique ; en particulier au début de la préface l'amusante annotation "Patience passescience (Newton & Descartes) = P+S". Bon exemplaire.

Collation : manque le faux titre, LVI pp. de titre et préface, L pp. "des sections coniques", 2 pp. Approbation et privilège, 393 pp. de texte (erreurs typographiques p. 135 au lieu de 125, pp. 280 et 281 au lieu de 270 et 271, p. 325 au lieu de 323), 1 p. Table des chapitres, 2 pp. errata, 7 planches dépliantes (planches 3 et 4 sur la même feuille), 1 f. (petite déchirure).

Contient en préambule un important texte sur les coniques (avec la démonstration des équations des différentes coniques) puis XIII chapitres :  mouvement curviligne, mouvement dans le cercle, mouvement dans les sections coniques, de la gravitation, suite des lois de l'attraction et de l'explication du mouvement des planètes principales, du mouvement de la lune et des autres satellites, suite du mouvement de la lune, de la figure des astres, de la précession des équinoxes, du flux et du reflux de la mer, de l'attraction dans les petites distances (tentative d'appliquer la mécanique de Newton à la lumière, l'hydraulique... et à la chimie), des opérations chimiques et des propriétés de la lumière, des effets de l'attraction dans le phénomène des tuyaux capillaires, et -en supplément non chapitré-, éclaircissement sur la force perturbatrice de la lune.

La préface est une démolition en règle -mais élégante- de la théorie des tourbillons de Descartes : "Il est des points de vue heureux qui décident souvent des plus sublimes découvertes ; il en est de séduisans (sic) qui ne peuvent soutenir un second regard. Descartes, cet homme de génie, à qui la Philosophie doit tant & et qui devoit (sic) si peu lui même à la Philosophie, saisit avec beaucoup d'apparence l'idée simple & naturelle d'une barque flottant sur l'eau, & entraînée par un courant. Il en transporta le méchanisme (sic) dans le ciel..."

Pour les chimistes à partir de la page 284 une tentative d'explication de la nature des fluides et des dissolutions : "si un corps plongé dans un fluide en attire les parties plus qu'elles ne s'attirent entr'elles & que que les pores soient pénétrables aux parties de ce fluide, celles ci se porteront avec précipitation dans l'intérieur du corps qui les attire et les circonstances pourront être telles qu'elles désunissent les parties". Inconnu à SAUVENIER-GOFFIN.

Pierre Nicolas Sigorgne est un physicien français né en 1719 à Rembercourt-Sommaisne (à l'époque, Rembercourt aux Pots) et mort en 1809 à Mâcon (Saône-et-Loire). Sigorgne est correspondant de l'Académie des sciences, et de l'Institut de France (1803). Il s'est opposé au cartésianisme et promouvait le système de Newton dont il fut l'un des plus vif défenseur et vulgarisateur et permit à cette théorie mécanistique de se diffuser dans l'enseignement des écoles grâce aux manuels scolaires qu'il rédigea en grand nombre. Il fut aussi un des premiers théoriciens du principe de la capillarité. (Martial Griveaud, Université de Nancy, Annales de l'Est : Un physicien oublié du XVIIIe siècle : L'abbé Pierre Sigorgne de Rembercourt-aux-Pots, Nancy, Faculté des lettres et sciences humaines., 1935).

REF. 1054