TRÉLAT Ulysse (Docteur) "La folie lucide étudiée et considérée au point de vue de la famille et de la société"

Important ouvrage donnant la première définition de la "Folie Lucide", locution qui fera date dans l'histoire de la psychiatrie. Rare.

Editeur : Adrien Delahaye, Paris, 1861. Première édition.

in-8 (14,5 x 22 cm). Reliure de l'époque demi chagrin havane. Dos à 5 nerfs avec titre doré. Manques de cuir et frottements au dos. XVI pages d'Avant propos, 357 pages et une page d'Errata non chiffrée in-fine. Papier jauni et quelques rousseurs. Bon exemplaire.

Table des matières : Avant-propos. Introduction (Aliénés faciles à reconnaître. Aliénés plus difficiles à reconnaître). Imbéciles et faibles d'intelligence. Satyres et nymphomanes. Monomanes. Erotomanes. Jaloux. Dipsomanes. Dissipateurs et aventuriers. Orgueilleux. Méchants. Kleptomanes. Suicides. Inertes. Maniaques lucides. Résumé et conclusion. Appendice. Chaque chapitre décrit de nombreuses observations cliniques.

D'après Semelaigne René in Les pionniers de la psychiatrie française avant et après Pinel, vol. 1, p. 207 (PDF) : "Il étudie la folie lucide successivement chez les imbéciles et les faibles d’intelligence, les satyres et les nymphomanes, les monomanes, les érotomanes, les jaloux, les dipsomanes, les dissipateurs et les aventuriers, les orgueilleux, les méchants, les kleptomanes, les suicides, les inertes, les maniaques."

Dans Christiane de Beaurepaire, Michel Bénézech, Christian Kottler in Les dangerosités: de la criminologie à la psychopathologie, entre justice et psychiatrie, pp. 102, 103, on trouve : "En 1861 c'est-à-dire à un moment où se poursuit la passage de la suprématie de l'aliénation mentale au singulier à celle des maladies mentales au pluriel, ... Ulysse Trélat publie un ouvrage qui fera date et qu'il appelle La Folie Lucide, locution qui, sans aucun doute fera date, d'autant plus que son auteur se trouve être un de ces personnages de la pathologie mentale du XIXe siècle qui, après avoir connu des décennies d'une vie de comploteurs, de carbonari et de mauvais sujets, s'étaient retrouvés, les uns après la Révolution de février 1848, les autres après la réussite du complot du Prince-Président, titulaires de services de psychiatrie prestigieux. Trélat remarque combien il demeure malaisé de séparer, parmi tous ceux qui ont commis des actes qu'à première estimation  de bons esprits peuvent tenir pour des crimes, au sens correctement défini par le Code Pénal, les aliénés et les autres ; il note, en opposition avec les conceptions que E. Georget avait propagées autrefois, que certains de ces aliénés devaient rester en dehors du bénéfice de l'article 64 ... Il note ainsi que parmi les imbéciles, les satyres, les nymphomanes, les érotomanes  les jaloux, les dipsomanes ... certains sont susceptibles de manière légitime de répondre devant la justice de leurs méfaits clairement qualifiables d'infraction id. est de crime ... Il estime ... que si l'on ne doit pas haïr les aliénés il convient de protéger les familles contre les "aliénés lucides" souvent non diagnostiqués, presque toujours nuisibles et dangereux, fous dans leurs actes sinon dans leurs discours."

Ulysse Trélat est un médecin et homme politique français né à Montargis (Loiret) le 22 brumaire an IV (13 novembre 1795) et mort à Menton (Alpes-Maritimes) le 29 janvier 1879. Après de nombreuses actions politiques il fut médecin aliéniste à l'hospice de la Salpêtrière.

REF. 2302 D3