LÉVÊQUE Charles "Les Harmonies providentielles"

Les émerveillements poétiques et optimistes d'un philosophe déiste face à la science : "... l'harmonie du monde embrasse à la fois l'univers physique et l'univers moral."

Éditeur : Librairie Hachette et Cie, Paris, 1877. Collection Bibliothèque des Merveilles. Troisième édition.

in-12 (12 x 18 cm). Pleine percaline bleue de l'éditeur. Reliure typique de la Collection Bibliothèque des Merveilles avec des plats estampées d'or : un Sphinx et un personnage ailé au dessus d'un globe terrestre au premier plat et des instruments scientifiques au deuxième plat. Dos lisse avec ornements dorés (dont un oeil dans un triangle entouré d'un serpent qui se mord la queue -symbole maçonnique-) et titre doré. Reliure bel état. Toutes tranches rouges. IX pages (Avertissement, Dédicace à E. Chartron), 304 pages. 4 eaux fortes à pleine page. Des rousseurs et taches éparses et sur les gravures. Bon exemplaire.

Contient XI chapitres : Harmonies astronomiques ("Le spectacle des corps célestes brillant dans un ciel pur est un objet d'admiration pour tous les hommes." p. 1) ; Harmonies des corps terrestres inanimés (tout est harmonie dans la physique, l'attraction à distance, les échanges de chaleurs et de lumière, les affinités moléculaires et chimiques, jusqu'aux cristaux et les changements du globe) ; Harmonie du règne végétal (harmonie de la plante avec la terre et l'eau, l'air, la floraison, la chimie végétale ...) ; Harmonies du règne animal (organes du mouvement en harmonie avec le milieu, les sens avec la locomotion et le milieu, les modifications liées au milieu soit un début d'évolution) ; Harmonies humaines (nutrition, respiration, perception, le pied, la marche, la voix -"L'harmonie exquise en vertu de laquelle l'enfant parle, harmonie où tout concourt au but ... a évidemment une cause intelligente ..." p. 181-) ; La famille ; La Patrie (on sort de la défaite de 1870) ; L'Humanité ; Harmonies religieuses ("L'auteur intelligent et puissant des harmonies universelles est donc une intelligence une, unique, indivisible. C'est donc aussi un être immatériel, un esprit, une âme." p. 227 et p. 230 "Ansi, nous en sommes sûr l'intelligence existe. C'est cette intelligence que l'on nomme Dieu ; Dieu existe donc aussi sûrement que j'existe." avec un commentaire acerbe au crayon d'un ancien propriétaire dans la marge "L'intelligence existe. Pourquoi lui donner le nom de dieu ? Qu'est-ce dieu, sans la raison qui nous donne l'intelligence ?") ; Difficultés (Eh oui, il existe des obstacles à l'harmonie tant célébrée par l'auteur : le mal, le désordre, la désharmonie dans l'univers et dans l'homme tout ceci en trois questions dont "le mal dans le monde l'emporte-t-il sur le bien ?") ; Harmonies futures (ou l'on reste très déiste avec un vœu en guise de conclusion "On cherche un moyen de pacifier, de concilier, d'unir les hommes, de les empêcher de se haïr et de se détruire les uns les autres, de le faire s'entr'aimer. Quel moyen meilleur pour approcher du but que l'étude des harmonies providentielles ?", vaste sujet diraient certains ! et ainsi la boucle est bouclée ...).

Dans sa "Notice sur la vie et les travaux de Charles Lévêque lue dans la séance du 5 mars 1904", in Mémoires de l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut de France, Volume 26, p. 74, Gabriel de Tarde (1843 -1904) dit : "Ses Harmonies providentielles, où il a repris avec des arguments nouveaux, puisés dans la science moderne, l'antique effort pour justifier et glorifier la providence en dépit du malheur et du mal, n'est pas non plus dépourvu de ce caractère éminemment original d'avoir été, au lendemain de nos désastres -la guerre de 1870-, en pleine épidémie littéraire et philosophique de pessimisme, un solo d'une voix un peu faible mais très haute et très pure en faveur de l'optimisme. Le danger de ces panégyriques de la destinée est de discréditer le principe de finalité par l'abus fréquent qu'ils en font, et notre auteur n'a pas toujours évité cet écueil ; mais, s'il y a quelque parti pris de bénédiction universelle dans son ouvrage, n'était-ce pas une réaction louable contre cette manie tout aussi arbitraire de malédiction à propos de tout qui rend si agaçante à la longue la lecture de ses adversaires ?"

Jean Charles Lévêque, né à Bordeaux le 7 août 1818 et mort à Meudon le 4 janvier 1900, est un philosophe français, auteur de plusieurs ouvrages de métaphysique et d'esthétique. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques le 5 mai 1865. Un prix de métaphysique, décerné par l'Académie des sciences morales et politiques, porte son nom.

La Bibliothèque des merveilles est une collection de vulgarisation, lancée en 1864 par Louis Hachette, en remplacement d'une série éphémère créée l'année précédente, la Collection des savants illustres. L'éditeur en confie la direction à Édouard Charton. Sans restriction sur les thèmes abordés, les petits livres (in-18) constituèrent une « encyclopédie en désordre ». La collection comptera plus de 175 volumes, parus entre 1865 et 1956 dont on peut trouver la liste sur le site qui est dédié à Édouard Charton par sa biographe Annie Lagarde-Fouquet. Les plus grands vulgarisateurs de l'époque sont mobilisés, comme Camille Flammarion, Gaston Tissandier ou Paul Lacombe. Ces ouvrages connaissent le succès, et trouvent naturellement leur place dans les catalogues des bibliothèques populaires qui se multiplient à partir des années 1860.

REF. 1677