EIFFEL Gustave "LA RÉSISTANCE DE L'AIR ET L'AVIATION - EXPÉRIENCES EFFECTUÉES AU LABORATOIRE DU CHAMP DE MARS"

Texte scientifique très riche de Eiffel en précurseur de l'aviation, rare en première édition.

Éditeur : H. Dunod et E. Pinat, Paris, 1910. 

in-4 (25,5 x 32 cm). Reliure en cartonnage et demi percaline ivoire. Titre en rouge et noir sur le premier plat. Taches d'humidité sur le deuxième plat. Intérieur très frais. Nombreuses illustrations (tableaux, abaques, schémas et photographies) dans le texte.

Complet des 28 planches sur deux pages ou dépliantes (de I à XXVII avec XVI BIS) et planche XXVI en supplément sur calque libre.

1f., faux titre, catalogue de l'auteur, frontispice avec une photographie sous serpente de l'auteur devant sa soufflerie par H. Manuel, titre, VII pp. de table des matières et des planches et d'avant propos, 153 pages de texte et d'annexes, 28 planches sur 2 pages, 1f. Bel exemplaire.

Le premier chapitre donne une description du laboratoire (soufflerie dans laquelle on teste différentes géométries d'objets), des instruments de mesures (tube de Pitot, balance aérodynamique) et des méthodes employées. Les résultats généraux des essais en soufflerie sur différents types de géométries (plaques, sphères..) sont donnés dans le chapitre II. Le chapitre III se concentre sur les ailes d'aéroplanes (18 testées dont Wright, Voisin, Farman, Blériot, Bréguet, Ernoult,...) dont les géométries sont testées à partir de modèles en bois d'environ 1 mètre et les résultats donnés dans les planches in fine. La conclusion sur cette étude des ailes est "... nous avons vu que notre aile à courbure circulaire de flèche 1/13,5 qui présente une faible résistance à l'avancement et une forte sustentation, peut être adoptée d'une façon générale dans un avant projet." Pour aller plus loin on pourra lire l'article de José Eduardo Wesfreid, "La Tour Eiffel, premier laboratoire d'aérodynamique en France" in Pour la Science, Février 2021, pp. 74-79 qui souligne : "Parmi les milliers de résultats obtenus par Eiffel sur la résistance des objets dans l'air, quelques uns méritent une attention particulière et motivèrent, en leur temps, une polémique. Il s'agit des expériences sur la résistance des sphères en mouvement à grande vitesse. ... Eiffel venait ... de découvrir l'effet de la « crise de trainée », observée sur des corps en mouvement à partir d'une certaine valeur critique de la vitesse".

Gustave Eiffel, né Bonickhausen dit Eiffel le 15 décembre 1832 à Dijon et mort le 27 décembre 1923 à Paris, est un ingénieur centralien et un industriel français, qui a notamment participé à la construction de la tour Eiffel à Paris, du viaduc de Garabit et de la statue de la Liberté à New York.
En 1903, à 71 ans, Gustave Eiffel, entreprend ses premières recherches expérimentales sur l’aérodynamique encore balbutiante. S’ouvrent à lui les vingt années fécondes d’une seconde carrière de savant aérodynamicien. Un des ses objectifs est de montrer que sa Tour peut avoir un intérêt scientifique face à ses nombreux détracteurs, principalement des artistes, qui souhaitent sa démolition. Elle représente un formidable support pour effectuer des expériences en aérodynamique : Eiffel décide de s’en servir dans l’étude de cette science naissante.
Il conçoit alors un appareil de chute très ingénieux, qu’il installe au 2ème étage, mettant à profit les 115 mètres de hauteur de la plateforme, pour étudier la résistance à l'air des corps. Ses premières recherches, saluées par l’Académie des Sciences en 1908, lui permettent de jeter les bases des lois fondamentales de la résistance de l’air. A cette époque, l’aviation est à ses débuts et Eiffel avance des idées nouvelles : l’étude de l’aérodynamique doit permettre de comprendre les efforts de l’air sur un corps en mouvement relatif par rapport à celui-ci.
Pour mener à bien ses recherches, Eiffel construit ensuite le « Laboratoire du Champs de Mars » qui sera opérationnel de 1909 à 1911, avec une première soufflerie destinée à l’étude de l’aérodynamique. Le principe de l’installation réside dans la mise en mouvement d’air autour de maquettes d’aéronefs, afin de mesurer les forces qui s’y exercent pour pouvoir l'extrapoler aux appareils en vol réel. Principe discuté par Armand de Gramont, duc de Guiche mais qui sera validé par le mathématicien Poincaré. 

RÉF. 1036 D1