[Minuscule] [QUESNEL Pierre] [JANSENISME] "Abrégé historique, et chronologique, dans lequel on démontre par les faits, depuis le commencement du monde, jusqu'en l'Année 1733..."

Un texte janséniste -la vraïe Religion- dirigé violemment contre les Jésuites et les autorités qui persécutent Port-Royal.

Titre complet : "Abrégé historique, et chronologique, dans lequel on démontre par les faits, depuis le commencement du monde, jusqu'en l'Année 1733, que la vraïe Religion a toujours été, & sera toujours combattuë, qu'elle a eu, & qu'elle aura dans tous les tems des Défenseurs ; enfin, qu'elle a triomphé, & triomphera à jamais de ses Ennemis." [JANSENISME]

Sans nom d'éditeur, Francfort, 1732. En fait d'après Emil Weller, Dictionnaire des ouvrages français portant de fausses indications des lieux, p. 93-94, c'est un faux lieu d'impression : ce serait Amsterdam.

Très petit in-12 (6,4 x 11,5 cm). Reliure plein veau brun glacé du temps. Dos à 5 nerfs avec titre doré. Roulettes dorées sur les coupes et à l'intérieur des plats. Toutes tranches dorées, dorure un peu passée. VIII pages (Titre, Aux Lecteurs, Préface), 136 pages. Menues rousseurs et taches éparses. Bel et charmant exemplaire.

Collation : *⁴ A-E¹² F⁸ avec les erreurs typographiques suivantes sur les signatures : A3 au lieu de C3, C5 au lieu de C4 et A4 au lieu de E4 et la p. 79 est non paginée.

Dans la Première Partie (pp. 1-10), le texte décrit l'histoire de la Création avec les anges fidèles et rebêles, l'an 1 avec Adam, le Déluge en l'an 1656, Abraham en 2082, les Hébreux en Egypte en 2298, ..., les Maccabées en 3628. La Seconde Partie (pp. 11-30) commence une nouvelle chronologie avec Jésus, la ruine de Jérusalem en 71, les persécutions romaines, la chute de l'Empire romain, les Ariens et les autres hérésies au cours des siècles puis le schisme d'Orient, ... jusqu'au Protestantisme. La Troisième partie (pp. 31-81) commence en 1547 avec la fondation de la Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola ("de nouveaux Pharisiens parurent dans l'Église même") et va jusqu'en 1712, c'est une violente charge contre les Jésuites et raconte leurs violences dans les Indes ("Théâtre de leur fureur et de leur avarice") et leurs insidieuses manœuvres, leur "barbarie" contre les Jansénistes de Port-Royal (à noter qu'on ne parle pas de Pascal), dénonce la casuistique ("monstrueuse Hérésie du péché Philosophique qui retranchait du nombre des péchés tous ceux qu'on commet sans penser à Dieu ni à la Loy" p. 69). La Quatrième Partie (pp. 82-131) commence à la bulle Unigenitus en 1713 (phase finale de la controverse janséniste), décrit les persécutions des Jansénistes et se termine par "On peut aussi se flatter d'avoir dans ce petit Ecrit un précis exact de l'Histoire de la vraye Religion, depuis le commencement du monde, jusqu'aujourd'hui.". Le livre se termine (pp. 132-136) par "Paroles de Saint Paul extraites du 3e Chapitre de la 2e Epitre à Thimothée" (bien sûr dirigé contre les Jésuites) et la "Prophétie de Sainte Hildegarde" utilisée comme une malédiction contre les Jésuites.

Les Auteurs seraient les frères Quesnel de Dieppe d'après le Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, Volume 1 de Antoine-Alexandre Barbier, p. 45 ; on trouve dans ce même ouvrage, à l'article « Almanach du Diable », Volume 1, p. 110 : "Par l'abbé Quesnel, neveu du célèbre père Quesnel ... Frère dans son « Manuel du Bibliographe normand », donne à l'abbé Quesnel le prénom de Pierre et dit qu'il était surnommé Bernard. Il ajoute que, réfugié en Hollande vers 1749, il serait devenu bibliothécaire du Stathouder. ... dans le Registre des personnes qui ont été détenues à la Bastille ... à l'année 1738, [il est] entré à la Bastille le 11 avril et trouvé pendu dans sa chambre le 1er juillet suivant ... on [lui] a saisi quantité de messages et imprimés concernant les affaires de Port-Royal (foyer du Jansénisme en France)". Pour Quérard, "La France littéraire", tome 7, p. 397 il n'y aurait qu'un seul auteur : "Quesnel (les frères), de Dieppe, écrivains satiriques, dont l'un, auteur de « l'Almanach du Diable », mourut à la Bastille vers 1739 ; l'autre, nommé l'abbé Pierre Quesnel, ... surnommé Bénard, naquit en 1699, et mourut à La Haye en 1774. Les auteurs de la Bibliographie universelle ... ont fait de ces deux frères un seul et même personnage." La BNF à l'article Pierre Quesnel (1699-1774), reprend cette hypothèse d'un auteur unique. Weller (voir référence ci-dessus) garde l'hypothèse des frères. On pourrait aussi y voir la patte de Pasquier Quesnel (1634-1719), oratorien, théologien et polémiste janséniste, ce que ne fait pas la BNF, et ce qui est peu probable car le texte se termine en 1733, bien après la mort de Pasquier Quesnel et décrit longuement (pp. 73-89) les persécutions dont il fait l'objet de la part du Roi, du pape, les manœuvres des Jésuites contre lui, les revirements du Cardinal de Noailles, et sa mort en 1709 (p. 89) ("[le Père Quesnel] innocent de tant de troubles, vivait en paix dans un Païs étranger ; & après avoir fourni une carrière assez longue & assez pénible, Dieu l'appella (sic) à lui pour l'en récompenser. Le P. Quesnel mourut avec une grande tranquillité d'âme, après avoir fait sa profession de Foy.").

Réf. 845