Docteur George MARTINE [Deux volumes en un] "ESSAIS SUR LA CONSTRUCTION ET COMPARAISON DES THERMOMÈTRES, SUR LA COMMUNICATION DE LA CHALEUR & SUR LES DIFFÉRENS DEGRÉS DE LA CHALEUR DES CORPS" et "EXPLICATION DES PREMIÈRES CAUSES DE L'ACTION ..."
Rare traité sur les thermomètres qui formalise le concept et annonce les prémisses de la thermodynamique et des transferts de chaleur. Cette œuvre est citée dans l'Encyclopédie de Diderot et estimée de Buffon. Le traité sur la gravitation tente de mathématiser la notion d’éther pour expliquer les forces à distance.
Suivi de "EXPLICATION DES PREMIÈRES CAUSES DE L'ACTION DANS LA MATIÈRE ET DE LA CAUSE DE LA GRAVITATION".
Editeurs : Durand et Pissot, Paris, 1751.
Deux essais en un volume, petit in-8 (10,5 x 17 cm). Reliure plein veau marbré d'époque. Dos à 5 nerfs orné de fleurons dorés avec pièce de titre manquante. Mors fendus avec accident au mors de premier plat. Frottements avec manque de cuir aux plats. Coins émoussés. Mouillures sur les premières pages.
COLLATION : 2ff (première partiellement déreliée), page de titre avec le cachet d'une institution religieuse, 4 pages d'approbation, privilège et table, 324 pages de texte avec erreurs typographiques de pagination (pages 127 à 175 au lieu de 227 à 275 puis 177 à 224 au lieu de 227 à 324), planche dépliante de comparaison des échelles thermométriques après la page 324 (224 avec l'erreur). Page de titre du texte sur la Gravitation (même date 1751), 6 pages de dédicace (à Monsieur Jacques Alexandre, Écuyer à la nouvelle York), 103 pages de texte, 1 page de table, 2ff.
Le "Traité des essais sur les thermomètres" contient : "Observations et réflexions sur la construction et graduations des thermomètres" ; "Sur la comparaison des différents thermomètres" ; "Sur la manière dont les corps s'échauffent ou se refroidissent" ; "Sur l’histoire naturelle et expérimentale de la chaleur des corps".
Après avoir fait une comparaison critique des différentes technologies de thermomètres de son temps (de Florence, Réaumur, Amontons, Newton, Hales, Boerhaave, Fahrenheit,...) et en fonction de ses expériences, l'auteur propose des améliorations : utiliser le vif argent (mercure) à la place de l'esprit de vin (alcool dilué dans l'eau) ou l'huile de lin (Newton) pour éviter des effets parasites tels que la tension superficielle ou l'ébullition ou le gel du fluide thermométrique. Il montre que les thermomètres basés sur deux points fixes (en l’occurrence l'ébullition de l'eau et la glace en fusion) sont plus précis et que ces points fixes sont bien indépendants du lieu (sauf de la pression atmosphérique et de l'altitude pour l'ébullition de l'eau). Il se penche aussi sur les effets qu'on appellerait maintenant thermocinétiques (vitesse de propagation de la chaleur) et montre que le thermomètre de Réaumur a une trop grande capacité de fluide pour pouvoir se mettre à l'équilibre thermique rapidement.
Il ne se contente pas des ses études de mesures thermométriques mais étudie aussi les refroidissements des corps et les transferts de chaleur entre corps, approchant ainsi les notions de gradients thermiques et de capacités calorifiques des corps. Les difficultés restent sur la notion de chaleur (vs. la notion de température) et les différents types de chaleur : solaire, animale -en étudiant les températures des animaux à sang froid ou chaud-, de l'air (influence du climat) et sur le fait que les systèmes étudiés ne sont pas fermés d'où l'impossibilité de faire des bilans caloriques. Il y a même des expérience sur la chaleur et la sensation de douleur (au dessus de 60°C comme on le sait maintenant). Les effets de la chaleur sur la viscosité, les changement de phases (solidification, fusion, ébullition) des différents corps (eau, huile et autres matières grasses, sels, métaux) sont longuement abordées. Ce texte abonde de références bibliographiques et utilise les mathématiques pour conforter les essais effectués. Citation dans l'Encyclopédie à l'entrée thermomètres (page 940) et œuvre estimée de Buffon : "Le docteur Martine, qui a fait un bon ouvrage sur les thermomètres", Œuvres complètes de Buffon, Rapet et Cie, 1817, p. 593.
"Le traité de la cause de la gravitation" contient "des premiers agens (sic) matériels ou des premiers principes physiques" ; "de l'éther et de la gravitation". L'auteur définit d'abord la matière comme un chose impénétrable ayant un force d'inertie (on dirait maintenant la masse).
On passe ensuite confusément à la notion de force, d'accélération et le résultat du choc de deux objets "impénétrables" en mouvement. Tout le discours est basé sur la "puissance" résistante qui est différente de la notion de "puissance" élastique ou mobile. Une y trouve un début de notion de conservation de l'énergie (page 38) et d'énergie interne (p. 41). Les notions restent confuses et les analogies faibles.
Au chapitre de l'éther et de la gravitation, le phénomène d'action à distance est expliqué par l'existence de l'éther qui "est un fluide qui pénètre tous les interstices ou passages qui sont dans les corps ou entre les corps" et qui transmets les forces ou vibration de la matière. Suit un essais -confus- de mathématisation de cette notion d'éther basée sur une sorte de mouvement de particules.
George Martine dit le jeune (1700-1741), fils de l'historien George Martine, est un médecin écossais ayant étudié à l'université de St Andrews où il prit la tête d'une révolte étudiante en 1715 durant la révolte Jacobite, faisant sonner les cloches du Collège le jour où James Stuart fut proclamé roi. Il étudia ensuite la médecine à l'Université de Leyden de laquelle il fut diplômé en 1725. Il s'établira ensuite médecin à St Andrews. En octobre 1740, il accompagne Lord Charles Cathcart, en tant que médecin, dans l'expédition de la guerre dite de "Jenkin's ear" contre les espagnols aux Amériques. Après la mort de Charles Cathcart à la Dominique en 1740, il accompagne l'expédition d'Edward Vernon contre Carthagène (Colombie) durant laquelle il meurt en 1741 d'une "fièvre biliaire" (hépatite ?). Il fut nommé membre de la Royal Society durant ses voyages et en son absence.
George Martine, the younger (1700–1741) was a Scottish physician.
Born in Scotland in 1700, he was the son of the historian George Martine. He was educated at the University of St. Andrews, where during Jacobite rebellion of 1715, he headed a riot of some students of the college, who rang the college bells on the day that the Old Pretender was proclaimed. He later studied medicine, first at the University of Edinburgh (1720), and then at the University of Leyden, graduating M.D. there in 1725. He then returned to Scotland and settled in practice at St. Andrews.
In October 1740 Martine accompanied Charles Cathcart, 8th Lord Cathcart, as physician to the forces on the British expedition during the War of Jenkins' Ear, to attack the Spanish possessions in America. After the death of Lord Cathcart, on Dominica, 20 December 1740, he was attached as first physician to the expedition against Cartagena under Edward Vernon (see Battle of Cartagena de Indias). While there he contracted a "bilious fever", of which he died in 1741. He had been elected a Fellow of the Royal Society in his absence.
RÉF. 1018 B4
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