SIMONIN Louis Laurent "LA VIE SOUTERRAINE OU LES MINES ET LES MINEURS"
Un ouvrage exhaustif sur les mines ayant inspiré Jules Verne et Zola.
Éditeur : Librairie L. Hachette et Cie, Paris, 1867, Première édition.
Fort et grand in 8 (19 x 27 cm). Reliure percaline rouge avec de petits frottements. Plats estampés. Dos ornés d'arabesques dorées avec titre doré. Toutes tranches dorées. Reliure signée Auguste Fontaine au revers du premier plat. Sans rousseur. Très bel exemplaire avec une belle iconographie.
1f, faux titre, frontispice, titre, dédicace à Amédée Burat, III pages de préface, errata, 604 pages de texte et tables, 1f.
Complet des 160 gravures sur bois, des 30 cartes ou schémas de mines et filons en couleurs et des 10 planches chromolithographiques sous serpente représentant des minéraux et des pierres précieuses.
La première partie de l'ouvrage traite de la houille, la suivante des mines de métaux et la dernière de celles des pierres précieuses.
Dans la longue partie que l'auteur consacre à la houille (la moitié de l'ouvrage), il compare le travail de la mine et des mineurs à un "champ de bataille". Il a surtout des accents visionnaires en considérant que les gisements de houille "dureront quelques générations" et qu'il faut trouver des substituts. Le bois n'est pas crédible "la surface de l’Europe couverte de forêts ne suffirait plus aujourd'hui aux besoins de l'industrie", le pétrole est peut-être prometteur (on est à ses débuts) mais "l'extraction n'en sera pas non plus d'aussi longue durée". La houille étant du soleil condensé en carbone par les plantes "c'est la chaleur solaire qui a fixée le carbone dans les plantes qui à leur tour ont formé la houille il y a des millions d'années", il en arrive à "il y aurait une véritable découverte à faire, ce serait... utiliser, condenser la chaleur perdue du soleil, en un mot à mettre le soleil en bouteille.". "Le soleil est sans doute le combustible de l'avenir.". Il regarde quelques solutions possibles et, positiviste, il termine par "une preuve... éclatante du génie humain sera le jour où la découverte d'un nouveau combustible, si ce n'est l'application du soleil aux usages calorifiques...aura illustré la science fière déjà de tant de grandes découvertes.". Visionnaire, Simonin reste d'une terrible actualité.
Jules Verne utilise cet ouvrage pour les descriptions de son roman Les Indes noires en 1877 (Alexandre Tarrieu, Simone Vierne et al., "Jules Verne entre sciences et mythes", Ellug, 2005, p. 223) et il aurait aussi inspiré le livre "Germinal" de Emile Zola.
Louis Laurent Simonin (Marseille, 22 août 1830-Paris, 15 juin 1886) est un ingénieur (Ecole des Mines de Saint-Etienne 1849-1852).et explorateur français.
Il occupe diverses positions dans des mines en Italie et en France : Houillères de Saint-Etienne, d'Epinac, Aix en Provence, directeur des Mines de Toscane. Il voyage beaucoup : en Californie (1859) où il cherche de l'or, au Chili (1860), à La Réunion (1861) où il cherche de l'or et trouve du péridot, à Madagascar (1863) dans les mines de charbon, à nouveau aux Etats-Unis (1867) dans le Far West.
Il fut titulaire de la chaire de géologie de l'École spéciale d'architecture dès sa création (1865).
Il essaya de se faire élire à l'Assemblée nationale, sans succès, à Paris (1869) puis à Marseille, dans le Parti libéral.
D'après Pierre Routhier : "Louis Simonin, après quelques années d'exercice du métier d'ingénieur des mines, se fit d'abord remarquer comme pionnier de l'archéologie minière avec une remarquable étude de la civilisation industrielle des Etrusques (1858). Puis, voyageant beaucoup, en particulier en Amérique, il devint un "grand reporter" des mines, sans jamais négliger trop les conditions géologiques où les gisements apparaissent.
Son oeuvre majeure est : "La vie souterraine ou les mines et les mineurs", Librairie de L. Hachette et Cie, 1867. Plus tard, L. Simonin fut un candidat malheureux à la députation, avec des idées "à l'américaine" ; il était un partisan enthousiaste de l'initiative individuelle et fort critique à l'égard des excès des interventions étatiques. Le ton de ses écrits est celui du scientisme hyper-optimiste de l'époque, mais il voit loin : il prévoit l'épuisement rapide des bassins charbonniers d'Europe occidentale et il s'écrie : "il faut mettre le soleil en bouteilles !"."
Amédée Burat, né en 1809 à Paris et mort le 27 mai 1883 dans la même ville, est un géologue français. Géologue, ingénieur civil des mines, professeur à l'École Normandie en 1838 puis professeur de minéralogie, de géologie et d'exploitation des mines à l'École centrale des Arts et Manufactures de 1841 à 1881, titulaire de la chaire de géologie à l'École spéciale d'architecture lors de sa fondation, et directeur de la rédaction du Journal de l'industriel et du capitaliste. En 1835, il coédite avec Jean-François d'Aubuisson de Voisins, un Traité de géognosie, en trois volumes.
RÉF. 265