COLLECTIF [HAÜY René-Juste] "Instruction sur les mesures déduites de la grandeur de la Terre, uniformes pour toute la République et sur les calculs relatifs à leur division décimale"
Impression clermontoise de l'édition originale de la première publication sur le système métrique républicain. Rare.
Suite du titre : "Par la Commission temporaire des poids et Mesures républicaines, En exécution des Décrets de la Convention Nationale."
De l'Imprimerie de Limet, Clermont-Ferrand, an II de la république (avril 1794). Denis Limet fut imprimeur des billets de confiance du département pendant la Révolution.
in-8 (14 x 21 cm). Ouvrage broché sous couverture muette d'attente et tel que paru. Brochage partiellement cassé au dos. Pages non rognées et non coupées. XXXII pages (Titre, Table, Discours préliminaire), 208 pages, 25 pages non paginées de "Tables pour réduire les anciennes Mesures de longueur, superficie, de capacité et les anciens Poids, en Mesures et Poids du nouveau système décrété par la Convention nationale", 2 pages de Remarque, une page d'Errata et complet de ses 3 gravures dépliantes gravées par Louis Sellier. Signatures : a-b8, A-O8, P7. Papier jauni et quelques cahiers brunis, rares rousseurs, petite tache d'encre marginale à la page de titre, une déchirure sans manque en tête de la page de titre. Malgré tout bon exemplaire dans sa reliure d'attente.
Sommaire : Discours Préliminaire. Première Partie, Système de Mesures déduites de la grandeur de la Terre : Des mesures linéaires. Des mesures agraires. Des mesures de capacité. Des poids. Des monnaies. Seconde Partie, Calcul relatif à la division décimale des Mesures déduites de la grandeur de la Terre : De la manière d'exprimer en chiffres les résultats des opérations sur les nouvelles mesures. De l'addition. De la soustraction. De la multiplication. De la division. Observations sur le calcul décimal. Solutions de diverses questions relatives aux mesures déduites de la grandeur de la Terre. Des formes et des dimensions des mesures républicaines. Appendice : Division du thermomètre et du baromètre. Disposition et usage des tables de réduction des anciennes mesures aux nouvelles.
La France de l'Ancien Régime connaît une multitude d'unités de mesure qui varient entre Provinces, métiers, ... Depuis le Siècle des Lumières des tentatives d'uniformisation sont lancées mais sans lendemain de par la lourdeur des traditions et des particularismes locaux. Le commerce et l’industrie font donc face à un système complexe de mesures, source de confusions et d’embarras et frein à leur essor. C'est d'ailleurs une des revendications les plus fréquemment exprimées dans les cahiers de doléances. Par ailleurs, le développement des sciences nécessite un système de mesure universel et précis. Le 9 mars 1790, Talleyrand, évêque d'Autun, reprend une proposition de l'abbé Gabriel Mouton datant de 1670, et propose de créer un système de mesures basé sur la longueur d'un pendule battant la seconde à la latitude de 45°. Cette proposition est adoptée par l'Assemblée nationale le 8 mai 1790 qui décide de la création d'un projet d'unification des unités de mesure. Le 19 mars 1791, l'Académie des Sciences propose le système décimal pour les poids, mesures et monnaies et de prendre comme référence le quart du méridien terrestre pour définir l'unité de longueur, abandonnant le pendule battant la seconde car il varie avec la latitude. Le 30 mars 1791, une commission regroupant les académiciens Borda, Condorcet, Lagrange, Laplace, Monge, Tillet et Lavoisier, décide que le mètre (du grec metron : mesure), unité de longueur, sera 1/10 000 000 du quart du méridien terrestre (distance pôle Nord- Equateur). Lavoisier et Haüy sont chargés de la détermination du poids de l'unité de volume d'eau distillée à 0 °C qui sera l'unité de masse. La détermination de la longueur du méridien terrestre prendra de nombreuses années de par les troubles liés à la Révolution. Pressée, le 1er août 1793, la Convention institue par décret un système de mesures décimales provisoire (basé sur les résultats des mesures effectuées en 1735 par La Condamine au Pérou et par Maupertuis en Laponie, sur ceux de Cassini en 1740 entre Dunkerque et Perpignan, ainsi que sur l'estimation de La Caille). Les travaux de Lavoisier et Haüy conduisent à la définition de l'unité de poids, le "grave", représentée par un décimètre cube d'eau pure à 0 °C. Le 8 août 1793 l'Académie des Sciences est supprimée. Le 23 décembre 1793 la Commission temporaire des poids et mesures exclut Lavoisier, Borda, Laplace, Coulomb, Brisson et Delambre et les remplace par Buache, Hassenfratz et Prony et ses travaux continuent au ralenti. Elle publie en avril 1794 l'Instruction sur les mesures déduites de la grandeur de la terre sur l'impulsion de Haüy (ce livre) et, le 8 mai 1794, Lavoisier est guillotiné. Le 7 avril 1795 le système métrique décimal est institué pour toute la République par la loi du 18 germinal an III. Il faudra encore quelques années pour que la valeur du mètre soir définitivement fixée par la mesure précise du méridien et aussi que le système métrique décimal entre dans les mœurs. Références bibliographiques : 1. Histoire du Système métrique par Thierry Thomasset en pdf. 2. Philippe Zoummeroff, "En français dans le texte", n° 212, page 213. 3. Suzanne Débarbat, "Les origines du système métrique en France et la Convention du mètre de 1875, qui a ouvert la voie au Système international d'unités et à sa révision de 2018" in Comptes Rendus Physique, Volume 20, Issues 1–2, January–February 2019, Pages 6-21. 4. "Le système métrique, fruit de la révolution française" par Vladimir Lopez. 5. "L'histoire des unités" du site metrologie-francaise.lne.fr. 6. "Les deux déterminations de l'unité de masse du système métrique" par Arthur Birembaut in Revue d'histoire des sciences Année 1959 12-1 pp. 25-54. Les textes des décrets concernant le système métrique républicain sont disponibles sur le site de la Digithèque de matériaux juridiques et politiques. La Chronologie de la Métrologie en 113 dates se trouvera sur le site KronoBase : l'histoire jour par jour en chronologie universelle.
Abbé René Just Haüy 528 février 1743 - 3 juin 1822) minéralogiste français, fondateur, avec Jean-Baptiste Romé de L'Isle, de la cristallographie géométrique et de la gemmologie.
REF. 2196 B3