GEOFFROY Étienne-Louis [Thèse quodlibétaire] "Quæstio medica, quod libetariis disputationibus, manè discutienda in Scholis Medicorum, ... M. Stephano Pourfour du Petit ... Præside. An pro diversis à conceptu temporibus, varia nutritionis Foetûs via ?"
Rare thèse médicale du XVIIIe du célèbre entomologiste Etienne Geoffroy.
Titre complet : "Quaestio medica, quod libetariis disputationibus, manè discutienda, in Scholis Medicorum, die Mercurii septimo mensis Decembris, anno Domini M. DCC. XLVI. M. Stephano Pourfour du Petit, Doctor Medico, Praeside. An pro diversis à conceptu temporibus, varia nutritionis Foetûs via ?"
Editeur : Typis Quillau, Universitatis & Facultatis Medicinae Typographi, Paris, 1746. Rare car ces thèses n'était en général pas conservées par le jeune docteur ou sa famille et aucun règlement n'obligeait la Faculté à les conserver (voir Noé Legrand ci-dessous).
Mince in-4 (19,5 x 25 cm). Reliure moderne à la Bradel sous papier marbré. Dos lisse avec pièce de titre carmin et titre doré. 7 pages. Papier jauni avec des taches rousses assez marquées. Bon exemplaire malgré tout.
Cet ouvrage est la première thèse de médecine quodlibétaire de l'auteur qui n'est encore que bachelier -d'après la p. 7- et donc prépare sa licence. A cette époque, la licence se déroule sur une période de deux ans au cours desquels les candidats présentent une série de thèses. Ces thèses de licence, contrairement à ce qui se passe de nos jours, n’étaient pas le résultat d’un travail personnel ni celui de recherches scientifiques et n’ouvraient aucune voie nouvelle à la science. Elles étaient de purs exercices de raisonnement utilisant le syllogisme et servaient de base à des débats oraux qui suivaient la soutenance. La thèse, toujours en latin, était scindé immuablement en cinq articles : I. L'établissement de la question avec l'expression de la proposition principale : la prémisse majeure. II. La preuve de la majeure. III. L'expression de la prémisse mineure. IV. Démonstration de la prémisse mineure. V. Présentation des objections et conclusion découlant des prémisses. Ces thèses étaient toujours imprimées et l'imprimeur Quillau eut le monopole de l'impression à partir de 1713. La format fut tout d'abord in folio (les premières imprimées connues datent de 1539) puis, à partir de 1724, in-4. La forme du texte est toujours identique : un frontispice et les V parties. Dans cet exemplaire le frontispice, gravé sur bois et non signé, représente les armes de la Facultés de médecine (trois cigognes et un soleil dans un vaste écusson ovale portant une couronne et surmonté d'une banderole avec la devise Urbi et orbi Salus, soutenu par deux personnages allégoriques ailés, l'un tenant un miroir. l'autre un bâton entouré d'un serpent : Haec evocat Orco et d'un côté une cigogne ou un pélican de l’autre un coq avec la devise : Vigilantià cutos.) Le titre commence toujours par la formule votive suivante, en caractères forts et majuscules : "DEO OPTIMO MAX // UNI ET TRINO // VIRGINI DEI - PARÆ, ET S. LUCÆ Orthodoxorum Medicorum Patrono." puis suit l'indication du lieu, de la date et du Président : "QÆSTO MEDICA. :// Quodlibetariis disputationibus, // manè discutienda, in Scholis Medicorum, di Mercurii septimo // mensis Decembris, anno Domini M. DCC. XLVI. // M. STEPHANO DURFOUR DU PETIT, // Doctore Medico, Præside." et la question à débattre en italique ; dans notre cas : "An pro diversis à conceptu temporibus, varia nutritionis Fœtûs via ?" (soit "Pour différentes périodes de conception, différents modes de nutrition pour le fœtus ?"). La thèse commence par une grande lettre dans un cartouche orné d'un paysage assez peu décoratif puis les cinq articles suivent avec la conclusion : "Ergo pro diversis à conceptu temporibus, varia nutritionis Fœtûs via" (soit oui). On trouve ensuite la liste des neufs Docteurs (alors que le règlement en prévoit 8 ...) ayant participé à la dispute "DOMINI DOCTORES DISPUTATURI."
Cette forme de thèse portait le nom de quodlibétaire parce que d’une part le candidat avait le choix de son sujet, et que d’autre part il était tenu de répondre à une série de questions posées d’abord par ses condisciples bacheliers, et ensuite par les docteurs et le Président, sans que l’obligation leur soit faite de poser des questions se rapportant plus ou moins à la thèse. Cette soutenance de thèse durait normalement toute la matinée, de 8 h à 12 h, sur la notre, étrangement, il est précisé ; "à sextâ ad meridiem" soit "de six à midi".
Bibliographie : Comment devenait-on docteur en médecine avant la Révolution ? (D’après « Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient », paru en 1973) en ligne sur le site france-pittoresque.com et "La collection des thèses de l'ancienne Faculté de médecine de Paris depuis 1539 et son catalogue inédit jusqu'en 1793 : documents sur l'histoire de la Faculté pendant la Révolution" par Noé Legrand, Paris, 1913, en ligne sur Gallica.
Étienne Louis Geoffroy (12 octobre 1725, Paris - 12 août 1810 à Soissons). Docteur en médecine à Paris le 3 septembre 1748. Médecin, pharmacien et important entomologiste français, membre d'une importante famille parisienne d'apothicaires et chimistes, fils du chimiste Étienne-François Geoffroy Il définie une classification des insectes. On trouvera une bibliographie de notre auteur et de sa célèbre famille dans : Dechambre Amédée (direction) "Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales", série 4, tome 7, GAS - GEO, pp. 730-731, Paris, G. Masson, P. Asselin, 1881, en ligne, qui cite cette thèse comme étant son premier ouvrage.
Etienne Pourfour Du Petit (1717-1786?). Fils de François Pourfour Du Petit (24 juin 1664 - 18 juin 1741, célèbre médecin et ophtalmologue). Docteur en médecine à Paris le 17 octobre 1746.
REF. 2574