BUISSON Albert "LE PROBLÈME DES POUDRES - Au point de vue technique, économique et national"

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"L'affaire des poudres" de 1907-11, suite à l'explosion de deux cuirassés, analysée par un grand industriel, dans une très belle reliure.

Editeur : H. Dunod & E. Pinat, Paris, 1913. Edition originale. Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences.

in-8 (15 x 23 cm). Superbe reliure plein maroquin rouge signée Randeynes, Paris (Randeynes Félix successeur de Gardel en 1906, son fils prit sa suite en 1935) dans un étui cartonné (mors fendus et frottements en tête et pied). Plats décorés de trois filets dorés et de grenades ailées dorées aux quatre coins. Filets de fleurs dorés à l'intérieur des plats. Dos orné d'une grenade, de lignes et d'arabesques dorées avec titre doré. Mors fendus et fragiles. Couverture et dos conservés. VIII pages d'Avant propos, 252 pages de texte, d'errata et de table. Certaines pages sont non coupées. Bon exemplaire malgré les défauts signalés.

Ce livre fait suite à "l'affaire des poudres" qui débuta après l'explosion du cuirassé Iéna dans le port de Toulon le mardi 12 mars 1907 qui fit 37 blessés, dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement blessé et 118 morts, dont sept officiers parmi lesquels le capitaine de vaisseau Adigard qui commandait le navire. Plusieurs commissions d'enquêtes se succédèrent, certaines mettant en cause la poudre B (nitrocellulose d'usage récent car inventée Paul Vieille en 1884) mal stockée en soute et ayant évolué, une autre le stockage de la poudre noire à proximité. Cet accident fut suivi le 25 septembre 1911 par une nouvelle explosion sur le cuirassé Liberté à Toulon qui fit 200 victimes. Ces affaires firent un véritable scandale, qui eut les gros titres de la presse nationale de l'époque. A la suite de quoi une violente polémique vit le jour sur le choix des munitions chimiquement instables, et donc dangereuses, entre Albert Louppe, directeur de la poudrerie de Pont-de-Buis et Léopold Maissin, directeur de la poudrerie du Moulin blanc à Brest, la seconde étant accusée de livrer à la première du coton-poudre (ou nitrocellulose "poudre B") rendue instable par des défauts de fabrication. L'auteur tente de faire la part des choses car comme il le dit en conclusion "notre impartialité s'explique aisément : nous ne sommes ni poudrier ni marin et les questions de personnes n'ont pour nous aucun intérêt". Après une revue des rapports des Commissions, des procédés de fabrication et de l'origine des matières premières (acides nitrique et sulfurique et coton) on étudie les poudres de même type des autres pays et les poudres à la nitroglycérine qui viennent d'être inventées par Nobel. Il regarde ensuite les conditions de conservation et de surveillance des poudres et pose la question du monopole d'Etat sur leur fabrication -datant de Charles IX en mars 1572- car l'incident entre Albert Louppe et Léopold Maissin sur la qualité de la fabrication laissait entendre que "l'Etat, mauvais fabricant parce que seul, doit subir la concurrence de l'industrie privée, facteur d'émulation et de progrès" (dans l'introduction). La conclusion de l'auteur est que nos procédés sont bons si on y met un contrôle de qualité efficace et même que nos poudres sont supérieures aux poudres étrangères (avec un soupçon de chauvinisme), que les modes de stockages et de suivis doivent être améliorés et que rien ne justifie de supprimer le monopole si l'Administration et ses hommes sont à la hauteur.

Ouvrage cité au Bulletin technologique, 1913, p. 139 : "L'ouvrage de M. Buisson a le mérite d'arriver à son heure. Ce n'est pas, du reste, son seul avantage. D'une lecture facile et dégagé de toute contingence, il met au point une question technique délicate, en même temps qu'il indique la marche à suivre pour éviter le retour des accidents que nous avons eu à déplorer. A ce titre, il intéresse tout particulièrement les ingénieurs, les marins, les officiers ; le public y trouvera, en outre, une confiance particulièrement opportune dans le situation difficile que nous traversons."

La rivalité entre Albert Louppe et Léopold Maissin est à la fois professionnelle (le scandale des poudres) et politique, la lutte entre Albert Louppe, conservateur, et Léopold Maissin, républicain, radical-socialiste, se manifestant en particulier au conseil général du Finistère dont ils sont tous les deux des élus. Le rapport Gaudin puis la commission d'enquête, par la voix de Camille Chautemps, firent porter pour partie la responsabilité sur « l'indiscipline qui régnait dans certaines poudreries, du fait que les directeurs flattaient les syndicats ouvriers pour obtenir leur appui électoral », mettant directement en cause les ambitions politiques des deux directeurs qui s'étaient entre déchirés, Albert Louppe et Léopold Maissin. Le gouvernement finit par les révoquer en novembre 1911.

François Albert-Buisson, né le 3 mai 1881 à Issoire, mort le 21 mai 1961 à Aix-en-Provence, fut tour à tour ou simultanément entrepreneur, industriel, magistrat consulaire, économiste, homme politique, historien français, membre de l'Académie française, et premier Chancelier de l'Institut, poste créé pour lui en 1952. Créateur du laboratoire pharmaceutique Théraplix (via l'entreprise Chimie et Atomistique), il est administrateur dans plusieurs entreprises industrielles et bancaires, devenant notamment président de la Banque nationale française pour le Commerce extérieur (BNFCE) et président fondateur de la BNCI, mais surtout président du conseil d'administration de Rhône-Poulenc de 1935 à 1959, après avoir été administrateur de Poulenc frères (1923) puis de Rhône-Poulenc (1928).

REF. 1335 C5